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Des résultats d’analyse du sol en temps réel

5 min de lecture

S’il y a une chose dont rêvent beaucoup d’agriculteurs, c’est bien d’avoir plus de temps. Après tout, il ne semble jamais y avoir suffisamment d’heures dans une journée en périodes de pointe; que ce soit pendant les semis ou les récoltes, chaque minute et chaque seconde comptent.

Les producteurs de cultures, eux aussi, veulent savoir exactement ce qui se trouve dans leur sol. Les analyses du sol permettent de mesurer la teneur en macronutriments et en micronutriments, en plus de fournir des données sur le pH ou d’autres détails importants. Le hic, c’est que recevoir ce diagnostic peut prendre un temps fou.

Il faut normalement sonder le sol et prélever un échantillon avant de l’envoyer au laboratoire à des fins d’analyse. L’échantillon est ajouté à la file d’attente avant d’être analysé, puis les résultats sont renvoyés à l’expéditeur. Ce processus peut prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines, et, même si ce ne sont que quelques jours, c’est parfois trop long, surtout lorsqu’il faut prendre une décision éclairée quant au programme de fertilisation dont votre sol a besoin. Et si vous pouviez réduire ce temps d’attente à 25 secondes?

Des technologies novatrices changent la façon dont les analyses du sol fonctionnent. L’une d’entre elles relie une sonde portative à l’infonuagique pour produire des résultats en quelques secondes – plutôt qu’en quelques semaines.

Semblable à un mince détecteur en métal, cette sonde à la fine pointe de la technologie peut, quelques secondes après avoir été plantée dans le sol, afficher toutes les mesures clés en temps réel. Samuel Fournier, PDG et fondateur de ChrysaLabs, une jeune pousse technologique québécoise, explique que cette innovation est inspirée d’un emploi précédent où il devait lui-même attendre les résultats d’échantillons de laboratoires.  

« C’était tellement long et tellement cher, explique-t-il. Alors, je me suis dit qu’il y avait sûrement une meilleure façon de faire. ».

Comprendre le fonctionnement de cette technologie

Il s’agit d’un véritable mariage entre tradition et innovation. Un agronome insère la sonde dans la terre, et les capteurs de spectroscopie et de conductivité électrique s’activent et compilent des données. Ces données agronomiques sont ensuite transmises sans fil vers un système infonuagique où elles sont instantanément traitées dans un programme d’apprentissage automatique. Le spectre est ensuite converti, et un rapport comportant tous les renseignements sur la fertilité du sol (azote-phosphore-potassium [N-P-K], pH, solution tampon pour pH, capacité d’échange cationique [CEC], matière organique et micronutriments) est envoyé à l’application de l’agriculteur. Le tout prend moins de 25 secondes, ce qui ouvre un monde de possibilités pour l’industrie.

« C’est aussi un outil fantastique pour les gens qui veulent faire du dépistage dans leurs champs et recevoir immédiatement un diagnostic, afin de savoir quelles mesures ils doivent prendre », explique M. Fournier.

Cette technologie utilise aussi le géoréférencement pour permettre au producteur agricole de savoir exactement où la sonde a été plantée. En cas d’oubli, celui-ci peut simplement consulter son application où tout est enregistré.

Épargner temps et argent

Conçu pour les agronomes, les détaillants, les centres de recherche et les fournisseurs d’intrants de culture, cet appareil permet à l’utilisateur d’effectuer un nombre illimité d’analyses du sol une fois l’abonnement annuel payé. En l’utilisant régulièrement, il est possible de faire baisser le coût d’une analyse à aussi peu que 2 $, ce qui représente une nette amélioration par rapport aux 20 $ que coûte une analyse d’échantillon en laboratoire. M. Fournier ajoute que les agronomes devraient tenter de prélever le plus grand nombre d’échantillons possible.

Plus les agriculteurs ont de réponses à leurs questions, meilleures seront les décisions qu’ils prendront pour leurs champs.

« Un des principaux obstacles était le coût des analyses. Si je dois payer pour chaque prélèvement, j’en enverrai de moins en moins parce que chaque fois que je sonde le sol, la facture grimpe. Or, avoir plus de données permet de prendre de meilleures décisions. »

Munis de ces données, les producteurs peuvent dresser une carte précise de la fertilité des sols au lieu de procéder à tâtons et d’épandre certaines quantités d’engrais comme mesure de prévention au lieu d’attendre les résultats de l’échantillonnage du sol.

« La terre est le pilier de l’agriculture, ajoute M. Fournier. La croissance d’une exploitation agricole dépend du sol. On doit poser beaucoup de questions pour trouver des solutions. Ainsi, plus les agriculteurs ont de réponses à leurs questions, meilleures seront les décisions qu’ils prendront pour leurs champs. » 

Bien faire ses recherches

Cependant, la technologie n’est pas pour tout le monde. Dale Cowan, gestionnaire des stratégies agronomiques et agronome principal de la coopérative Agris, à Chatham, en Ontario, souligne que chaque nouvelle technologie doit passer l’étape critique de validation, pendant laquelle la sonde est encore au stade de prototype. M. Cowan est le premier à admettre que les méthodes actuelles prennent beaucoup de temps, mais il est également convaincu qu’elles ont démontré leur efficacité grâce à plus de 60 ans de diagnostics du sol et d’analyses en laboratoire.

« Nous devons nous concentrer sur les bonnes choses, explique-t-il. Le but n’est pas de réduire le coût d’un prélèvement de sol, mais d’assurer la fiabilité des résultats. L’analyse d’un échantillon peut coûter de 15 $ à 30 $, mais les résultats produits guident les décisions en matière de fertilisation, qui se chiffrent à des millions de dollars chaque année. »

Selon son expérience, M. Cowan avance qu’après avoir comparé les résultats obtenus au moyen d’une sonde avec ceux obtenus de la méthode traditionnelle (pour un échantillon prélevé au même emplacement dans le même champ), il n’est pas convaincu que le moment soit encore venu d’écarter la méthode traditionnelle d’échantillonnage des sols au profit des nouvelles sondes.

« Je laisse toujours le bénéfice du doute à la technologie, mais il me faut des preuves. Il est encore trop tôt pour se prononcer. »

Déterminer la suite

ChrysaLabs travaille également sur des sondes permanentes, qui seront laissées en place pendant toute l’année et permettront aux producteurs agricoles, particulièrement ceux qui produisent des cultures spéciales nécessitant un système d’irrigation ou de fertigation, de mieux comprendre leur situation. L’entreprise envisage aussi de mener des projets en serre.

Tandis que la technologie se perfectionne et évolue, d’autres options émergeront pour répondre aux besoins en analyse des sols qu’elles soient traditionnelles, nouvelles ou un mélange des deux.

D’après un article de l’AgriSuccès par Trevor Bacque.

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