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Un frère et une sœur redécouvrent les avantages de la pisciculture

6 min de lecture

Lorsqu’Arlen et son frère RJ ont quitté l’exploitation piscicole familiale située à deux heures au nord-ouest de Toronto, ils n’avaient aucune intention d’y revenir (ils en avaient eu assez de charger du poisson dans des camions à 4 h du matin, avant d’aller à l’école!).

Une grande étape a été de trouver un comptable, un banquier et un avocat qui avaient notre âge, nos valeurs et notre style.

Arlen a travaillé à l’étranger dans des pays émergents qui sortaient d’un conflit et dans le domaine du développement international, tandis que son petit frère a choisi de se consacrer à la sensibilisation et à la communication dans les domaines des sciences et de l’ingénierie. Dix ans plus tard, ils ont réalisé qu’il serait possible de mener une carrière progressiste et respectueuse de l’environnement dans le secteur de la pisciculture. Ils ont développé l’exploitation familiale d’origine et possèdent aujourd’hui six exploitations durables (produisant 10 millions d’œufs par année, comparativement aux deux millions qui étaient produits auparavant). Ils ont aussi ouvert de nouveaux marchés au Canada pour le poisson vivant, fait passer l’équipe de 3 à 25 personnes et ajouté de nouvelles espèces ainsi qu’une nouvelle usine de transformation. De plus, leur entreprise SpringHills Fish livre actuellement du poisson frais à plus de 1 800 foyers par mois.

Retour au bercail

Arlen : Un jour, mon père m’a appelée. Il devait exécuter d’importantes commandes et il y voyait une belle occasion, mais à 70 ans, il ne savait pas s’il pouvait y arriver. De mon côté, je me posais des questions au sujet de mon travail à l’étranger, étant moins idéaliste que je ne l’avais été plus jeune. Deux gestionnaires chevronnés qui travaillaient avec mon père m’ont encouragée en me disant : « Ton père ne vendra pas, et il n’y a pas d’avenir ici, à moins que tu reprennes le flambeau. » Je suis donc revenue à la ferme et je me suis concentrée sur sa plus grande force : l’élevage d’alevins d’un an (jeunes poissons de la longueur d’un doigt, prêts à l’ensemencement). Et nous avons ouvert des parties d’exploitations acquises qui n’avaient pas été en activité depuis dix ans.

Les réalités de la succession entre frère et sœur

Arlen : Après cinq ans de développement, nous avons discuté de la possibilité d’officialiser le départ à la retraite de mon père. J’ai été surprise d’apprendre que RJ, qui ne travaillait toujours pas à la ferme, hériterait de la moitié de l’entreprise, même s’il n’avait pas encore manifesté un intérêt à y prendre part. Une fois que ma colère s’est apaisée, je me suis posé la question suivante : « Comment puis-je encourager RJ à faire équipe avec moi? ».

RJ : À l’époque, mon travail consistait essentiellement à soutenir les mandats et le travail d’autres personnes ou organismes. Or, j’avais le sentiment qu’il devrait correspondre davantage à mes valeurs et à mes intérêts : la production alimentaire et l’écologisme pratique. Nous avons fait appel à un médiateur qui, au cours d’une séance de planification stratégique familiale, nous a demandé : « Qu’attendez-vous de votre avenir, et quelles sont les lacunes à combler dans votre entreprise? ». En examinant un tableau blanc où étaient inscrites les contributions personnelles et professionnelles souhaitées par chacun, ainsi que les lacunes, j’ai réalisé que mes compétences seraient utiles à l’entreprise.

Miser sur les forces de chacun

Arlen : Nous travaillons bien ensemble, car nous nous complétons l’un l’autre, tant qu’il reste là où je lui dis de rester. (rires) Non, sérieusement, nous traversons environ deux crises par année. Nous nous disputons, nous exprimons nos idées, et c’est réglé.

RJ : Nous sommes à l’opposé l’un de l’autre, sauf en ce qui concerne nos valeurs et nos aspirations.

Arlen : Je n’ai pas la langue dans ma poche et je suis plutôt axée sur la gestion. Il est diplomate et possède les compétences en communication nécessaires pour valoriser l’image professionnelle de notre entreprise et pour participer aux travaux de l’association sectorielle dirigée par des bénévoles dont nous faisons partie. En d’autres mots, j’ai convaincu RJ d’intégrer l’entreprise, puis j’ai recruté mon mari lorsque j’ai dû partir en congé de maternité après la naissance de notre fils. (rires) D’ailleurs, nous avons tous les deux marié des hommes de la région.

Apprendre, se concentrer sur l’avenir et s’adapter

Arlen : À mon retour à la maison, et en tant que jeune femme (ce qui est peu commun dans ce secteur), ma première mission a été de visiter d’autres exploitations piscicoles et d’obtenir le point de vue de vétérans en leur demandant ce qui fonctionne bien, ce qui ne fonctionne pas, ce qu’ils ont appris et ce qu’ils recommandent.

RJ : Nous nous sommes concentrés sur l’acquisition d’exploitations piscicoles terrestres pour ensuite les rebâtir. L’élevage d’alevins d’un an était lucratif, ce qui nous a permis de réinvestir dans l’entreprise. Malheureusement, la pandémie a entraîné l’annulation de commandes. Nous avons donc diversifié nos activités en élevant les poissons jusqu’à ce qu’ils atteignent la taille de marché et en livrant du poisson frais directement aux consommateurs. De plus, nous avons introduit de nouvelles espèces et nous sommes en train de construire une exploitation à parcs en filet sur l’île Manitoulin.

Depuis le début de nos activités sur l’île, nous avons saisi l’occasion de tisser des liens avec la Première Nation de Sheshegwaning qui se trouve au nord de l’île. Nous souhaitons défendre les intérêts des communautés autochtones qui font partie de notre industrie piscicole depuis 30 ans et attirer l’attention sur elles.

Défendre l’industrie en personne et sur le Web

RJ : En vendant du poisson frais, nous parlons à des milliers de personnes, et nous les écoutons. Quand des commentaires négatifs nous parviennent, je demande généralement aux gens de m’expliquer ce qui motive leurs propos, car nous sommes une entreprise certifiée écologique et notre bilan environnemental est public. Nous sommes soumis à un audit annuel portant sur notre respect de l’environnement et du bien-être social, communautaire et animal. C’est un défi personnel que de contribuer à sensibiliser les gens. Je les invite aussi à visiter l’exploitation.

Favoriser une entreprise et une équipe solides

Arlen : Certaines familles composent avec une génération âgée qui est incapable de se retirer des activités. C’est leur style de vie et leur gagne-pain. Nous respectons la génération précédente, mais nous devons prendre les commandes de l’entreprise. La vie file à toute vitesse et nous devons être agiles.

RJ : Une grande étape pour nous a été de trouver un comptable, un banquier et un avocat qui avaient notre âge, nos valeurs et notre style. Nous cherchions des personnes dynamiques et créatives, pas quelqu’un qui nous proposerait un plan de transfert standardisé.

Arlen : Nous sommes guidés par trois règles : 1) Prendre soin de nous et de notre entourage. 2) Nous poser des questions afin de prendre des décisions d’affaires judicieuses. 3) Nous amuser! Nous rendons des comptes à neuf ministères et entités, ce qui n’est pas vraiment plaisant, et certains de nos plans ont échoué, mais nous avons de fantastiques gestionnaires d’exploitation qui examinent chacune de nos idées. Nous valorisons leur énergie collective et leurs forces individuelles. De plus, nous sommes très transparents en ce qui concerne notre information financière afin que tout le monde sache ce qui est mis en œuvre pour poursuivre notre croissance.

Ce que j’ai appris de plus important, c’est qu’il faut travailler en collaboration et respecter son histoire, connaître le terrain avant de s’y aventurer, et se fixer des règles morales et ne pas s’en écarter.

D’après un article de l’AgriSuccès par Myrna Stark Leader.

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