Florence : de la tragédie naît un havre de guérison

AVERTISSEMENT : L’article qui suit traite du suicide et pourrait susciter de vives émotions. 

Dalles Bergsma était un agriculteur, un pompier volontaire, un mari, un fils et un frère. 

Quand cet homme de la région de Florence, en Ontario, s’est suicidé en 2020, à l’âge de 27 ans, cette tragédie a secoué sa famille, ses amis et sa collectivité. 

Nous savions qu’il était stressé, mais tous les jeunes agriculteurs le sont.

« Tous ceux qui le connaissaient ont été sidérés lorsqu’il s’est enlevé la vie, raconte sa mère, Diane Bergsma. Nous savions qu’il était stressé, mais tous les jeunes agriculteurs le sont. » 

Après le décès de Dalles, la famille Bergsma a appris que les taux d’anxiété et de stress sont très élevés et causent des ravages chez les agriculteurs et les premiers intervenants. 

« Nous ne pouvions pas être au courant de ces statistiques et ne pas faire notre possible pour changer les choses », dit-elle. 

La famille Bergsma a vendu une exploitation agricole et est en train de construire une maison de repos de 130 mètres carrés comptant trois chambres dans un boisé de 50 acres, qui sera baptisée Three Oaks Respite Cabin. Elle accueillera gratuitement des agriculteurs et des premiers intervenants qui s’efforcent de composer avec le stress et les inquiétudes de leur travail. 

La réservation confidentielle d’un séjour se fait en ligne à l’adresse Three Oaks Cabin [en anglais seulement]. 

La famille s’associe à la National Farmer Mental Health Alliance pour offrir des programmes autodirigés aux visiteurs qui séjournent à la maison. Les invités recevront également un appel de suivi d’un thérapeute de l’alliance afin de s’assurer qu’ils vont mieux. 

Durant l’appel, le thérapeute leur proposera aussi d’autres séances gratuites, au besoin. 

L’intervention d’un thérapeute a pour but d’aider la personne à accepter de l’aide plutôt que de lui imposer le fardeau d’en demander, explique M^me Bergsma. 

« L’idée est d’enlever un obstacle de plus. » 

Un autre objectif du projet est d’amener les gens à parler de santé mentale. 

« Les regrets sont lourds à porter », poursuit M^me Bergsma, consciente que le recul permet de mieux percevoir les signes que l’on n’a pas su voir dans les conversations passées, si occupés que nous sommes à mener nos vies. 

M^me Bergsma espère qu’un plus grand nombre de personnes prendront conscience de la nécessité d’aller plus loin que le simple « Comment vas-tu? » et de demander « Comment vas-tu vraiment? ». 

La famille Bergsma a reçu de nombreux dons généreux de services et de produits durant la construction de la maison de repos, mais pour veiller à ce que des fonds soient disponibles pour offrir une thérapie gratuite aux visiteurs, elle organise deux campagnes de financement annuelles : The Hard Miles, un événement tenu en juin qui propose des épreuves de 5 et 10 km à faire à la course, à la marche ou à vélo ainsi que le défilé Shifting Gears Tractor Parade en août.  

La réussite du projet sera toutefois « douce-amère, car nous avons perdu un fils et un frère », regrette-t-elle. 

La famille Bergsma croit en l’importance d’être là pour les autres et de mettre à profit ses ressources pour leur venir en aide. 

« Le soutien que nous apporterons à d’autres contribuera à apaiser notre chagrin d’avoir perdu un être cher », ajoute-t-elle. 

La maison de repos ne portera pas le nom de Dalles, mais ce projet reflète qui il était et comment il a vécu sa vie, explique sa mère. 

« Nous n’avons pas besoin d’un rappel que Dalles était là; il reste toujours dans nos cœurs », dit-elle. 

« Dalles était une personne très, très généreuse, qui s’intéressait toujours à l’autre, alors la maison de repos respecte bien sa mémoire. »  

D’après un article de l’AgriSuccès par Ellwood Shreve.