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Montre-moi les livres!

5 min de lecture

L’étude de cas fictive que voici a été préparée par BDO.

Anne a toujours su qu’elle s’investirait dans l’exploitation familiale. Depuis sa tendre enfance, elle a passé beaucoup de temps auprès de son père, Raymond. Aussitôt qu’elle le pouvait, elle marchait dans son sillage. Elle prêtait main-forte à l’atelier, faisait du dépistage dans les champs, allait chercher des pièces et participait aux tâches quotidiennes. En grandissant, elle a assumé de plus en plus de responsabilités et, après le secondaire, Anne s’est dirigée progressivement vers un diplôme en gestion d’entreprise agricole. Comme elle était enfant unique, elle savait qu’elle aurait la possibilité de retourner travailler à la ferme après l’université.

Si Anne pouvait résumer en un mot le sentiment que lui inspirait l’exploitation familiale, ce serait le mot « fierté ». Elle était très fière que sa ferme soit la plus organisée de tout le voisinage. Raymond changeait d’équipement régulièrement, et tout était toujours neuf et maintenu en parfait état. La famille possédait des véhicules neufs, habitait une belle maison et avait un train de vie confortable. À ses yeux, Raymond était le meilleur agriculteur de la région et le plus travaillant de tous. Elle avait très hâte de faire partie de l’entreprise.

Anne étudiait la gestion d’entreprise agricole à l’école et était impatiente de discuter des aspects financiers de l’exploitation. Elle savait qu’elle en avait beaucoup appris sur l’agronomie, l’équipement et la technologie auprès de son père, mais ils n’avaient jamais discuté des finances. Animée d’un intérêt nouveau pour les prévisions de trésorerie, la capacité du service de la dette, les structures d’entreprise, les analyses financières et la planification du transfert, la jeune femme a décidé d’aborder plusieurs questions avec Raymond. Elle savait que l’exploitation était prospère et voulait comprendre les aspects commerciaux de l’entreprise. Puis, alors qu’elle était sur le point de terminer son diplôme, Anne a demandé à voir les livres comptables.

Elle a été stupéfaite par l’attitude récalcitrante de son père. Raymond a suggéré qu’elle se concentre sur les tâches quotidiennes et sur la production des meilleures cultures possible. Il a toutefois admis qu’il n’avait jamais vraiment parlé des finances avec sa fille et a reconnu qu’il serait judicieux qu’Anne participe davantage à la mise en marché de la prochaine récolte. Malgré cela, l’hésitation de son père à lui donner accès aux livres ou à envisager un plan de transfert lui donnait une mauvaise impression. Après quelques discussions houleuses, Raymond a finalement accepté d’organiser une rencontre avec sa fille et avec le comptable de l’exploitation. Anne en est sortie ébranlée.

Certes, son père était un bon agriculteur, voire l’un des meilleurs de sa région. Mais les apparences sont parfois trompeuses. De bonnes récoltes, une exploitation bien organisée et une solide réputation étaient ce que tout le monde percevait, y compris Anne. Or, elle venait de réaliser que derrière cette façade, la situation financière n’était pas aussi reluisante qu’elle le croyait.

À maints égards, la famille vivait au-dessus de ses moyens. Il y avait certains signaux d’alerte liés à la dette, aux flux de trésorerie et aux frais de subsistance. L’exploitation se trouvait gravement surcapitalisée en équipement et le plan de transfert était pratiquement inexistant. Il s’agissait d’un portrait bien différent de celui auquel Anne s’attendait. Elle savait que la famille avait besoin d’aide, mais d’abord, elle devait avoir une discussion franche avec Raymond.

La relation père-fille était passée du mentorat au partenariat.

Son père a finalement avoué qu’il avait honte de lui faire part de ses problèmes financiers. Il ne voulait pas que sa famille ou le voisinage croit qu’il éprouvait des difficultés, car il avait toujours su trouver des solutions d’urgence et continuer à préserver les fausses apparences. Anne a choisi de ne pas insister outre mesure, car elle savait qu’ils auraient suffisamment de temps pour analyser la situation dans ses moindres détails. Elle se sentait soulagée que leur partenariat d’affaires soit désormais transparent et qu’il n’y ait plus de secrets.

Ils ont rencontré un conseiller réputé et ont entrepris de dresser un plan d’action pour les 18 prochains mois :

  • Présenter Anne à tous ceux qui participent à la gestion des finances de l’entreprise, notamment le comptable, le créancier, le courtier en assurance et l’avocat, et l’inviter désormais à toutes les rencontres.

  • Permettre à Anne de participer aux tâches administratives et à la tenue des livres.

  • Analyser le revenu tiré des récoltes et le coût des intrants par acre pour l’année de récolte précédente et procéder à une analyse comparative avec les valeurs de référence provinciales. Cerner les aspects problématiques où les coûts dépassent ceux d’exploitations similaires.

  • Préparer une prévision réaliste des flux de trésorerie pour le prochain exercice.

  • Mettre sur pied un plan de remboursement des emprunts sur cinq ans. Cette étape prend en compte toutes les options, dont la vente d’équipement, l’exécution de travail à forfait, le recours au travail à forfait et le refinancement. Il serait nécessaire d’établir un budget strict.

Alors que leur nouveau plan se concrétisait, il était possible d’observer plusieurs changements positifs. La relation père-fille était passée du mentorat au partenariat. Anne était heureuse de mettre ses études à profit et Raymond était grandement soulagé de pouvoir enfin régler les problèmes financiers dont il souffrait en silence. Père et fille collaboraient maintenant à la gestion de l’entreprise au lieu de fuir les difficultés.  

Leur conseiller leur a mentionné qu’il est fréquent de voir des enfants de producteurs et de jeunes adultes ayant grandi à la ferme qui savent utiliser chaque équipement et régler n’importe quel problème de production pouvant survenir au champ ou dans la grange, mais qui sont pratiquement dépourvus de toute expérience pratique de la gestion de l’exploitation. Pourtant, il est tout aussi important, sinon plus encore, d’être en mesure de participer à la tenue de livres et aux tâches administratives que de savoir conduire une moissonneuse-batteuse ou ajuster la profondeur des semis. C’est aussi le premier pas vers la création d’un plan de transfert réussi.

BDO est un cabinet spécialisé en comptabilité agricole, en planification fiscale et en services-conseils aux entreprises. Site Web / X.

D’après un article de l’AgriSuccès.

À suivre
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