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Le secret d’une exploitation qui pousse comme un champignon

5 min de lecture

L’année 2020 marquait le 40e anniversaire de l’arrivée de Tan Truong au Canada.

Comme des milliers de réfugiés vietnamiens, en 1980, il est arrivé en Colombie-Britannique au terme d’une traversée périlleuse de l’océan Pacifique en quête d’une vie nouvelle. S’il n’avait aucune connaissance de l’anglais, M. Truong a su trouver sa voie grâce à une éthique du travail inflexible. À son arrivée au Canada, il a déniché un poste de ramasseur de poulets dans une ferme avicole, mais il n’a pas tardé à trouver sa place dans une champignonnière.

M. Truong œuvre toujours dans le domaine de la culture des champignons, mais les choses ont bien changé pour lui. En quatre décennies, il est devenu président-directeur général de Ross Land Mushroom Farm, ferme qu’il a lui-même fondée, à Abbotsford, en Colombie-Britannique. Aujourd’hui, sa ferme produit 30 millions de tonnes de champignons par année et génère des ventes de 83 millions de dollars. Ce résultat comprend les ventes de produits commercialisés sous la marque de la ferme, Farmers’ Fresh Mushrooms.

Travail acharné et perfectionnement

M. Truong attribue la réussite de son exploitation à deux règles simples : le travail acharné et le perfectionnement des méthodes de travail. « Nous n’avons pas de secret. Par contre, je dirais que nous travaillons peut-être plus dur que les autres. Nous travaillons en équipe, et l’apport de chacun est important. »

Il explique avec fierté la contribution exceptionnelle de ses ouvriers à la récolte. « Ils connaissent leur travail mieux que la direction. Ils peuvent toujours nous faire part de leurs préoccupations et nous proposer des moyens d’améliorer la production. » L’arme secrète de la ferme Ross Land, toutefois, c’est M. Truong lui-même. Il vit à la ferme et admet que son travail représente un engagement de tous les instants. « Tous les aspects de l’exploitation, y compris le travail des autres, relèvent de ma responsabilité. »

Pour M. Truong, travailler intelligemment consiste à faire une plus grande place à l’innovation et à la mécanisation. Après avoir travaillé pendant plusieurs années dans un élevage de poulets, M. Truong a déménagé à Vancouver où il a fait des études pour devenir machiniste. Convaincu du potentiel de la production mécanisée, il est retourné dans la vallée du Fraser pour travailler dans une ferme de champignons. Peu de temps après, il fondait la champignonnière Ross Land avec un associé.

Le site principal de la ferme compte quatre bâtiments consacrés à la culture des champignons, une installation de compostage et un entrepôt. L’entreprise fournit aussi du compost à d’autres champignonnières, ce qui lui procure le droit exclusif d’acheter des champignons de ces producteurs.

Des méthodes européennes

L’innovation a toujours joué un rôle déterminant dans la croissance de cette exploitation. Lorsqu’il a fondé la ferme, en 1995, M. Truong s’est aperçu que les techniques de production de champignons en Amérique du Nord accusaient dix ans de retard par rapport à celles qu’utilisaient les producteurs européens. Ceux-ci profitaient d’un avantage décisif sur le plan du compostage : ils utilisaient un mélange de fumier et de paille, substrat indispensable à la culture des champignons.

Le cycle de production de la ferme est passé de dix semaines à sept semaines et demie [et] plus tard … à cinq semaines.

Lorsque la ferme Ross Land a commencé à produire des champignons, le compost qu’elle utilisait était produit à plus de trois heures de route. Comme le transport par camion était exorbitant, M. Truong a cherché des moyens de réduire ces coûts et d’optimiser la production de compost à la ferme.

En Europe, M. Truong a découvert une meilleure méthode de compostage qui intègre la pasteurisation et un processus de traitement qui élimine l’ammoniac, ce qui améliore la production de champignons. Si les premiers efforts en vue d’adopter ce système de compostage n’ont pas donné les résultats escomptés, M. Truong et son associé ont tiré des leçons de leurs erreurs. Une fois les problèmes corrigés, le cycle de production de la ferme est passé de dix semaines à sept semaines et demie. Plus tard, la ferme Ross Land a adopté d’autres techniques de compostage novatrices, ce qui lui a permis de réduire son cycle de production à cinq semaines.

Miser sur l’innovation

Tandis que l’entreprise poursuit sa croissance, des possibilités et des défis se profilent à l’horizon. Les plus gros obstacles sont liés à la salubrité alimentaire, à l’environnement et aux exigences du marché du travail. M. Truong continuera de miser sur l’innovation pour satisfaire aux exigences en matière de salubrité des aliments sur le plan du refroidissement et de la réfrigération, ajustant et adaptant la technologie suivant les besoins. Des robots interviendront aussi dans la production et la récolte des champignons pour pallier la pénurie grandissante d’ouvriers disposés à travailler dans les champignonnières et dans l’ensemble des secteurs de l’agriculture.

M. Truong n’est toutefois pas du genre à se laisser facilement décourager. « L’industrie des champignons nous passionne. Les gens aspirent à manger plus de légumes, et les champignons ont une place de choix dans leur assiette. » Dans l’ensemble, le secteur des champignons apporte une contribution de près de 1 milliard de dollars à l’économie canadienne, indique Mushrooms Canada.

M. Truong ajoute que la culture des champignons repose principalement sur des résidus agricoles : la paille et le fumier. Il souligne fièrement qu’à partir de ces résidus, les producteurs de champignons produisent un aliment nutritif et créent des emplois pour beaucoup de Néo-Canadiens. « Nous déployons tout notre savoir-faire pour produire un aliment que les gens adorent à partir de deux résidus tout en créant de nombreux emplois. »

Un héritage florissant

Farmers’ Fresh Mushrooms produit une vaste gamme de champignons traditionnels et de champignons de spécialité destinés à l’industrie nord-américaine des aliments au détail et en gros, explique le fils de M. Truong, Tim, qui vient a rejoint son père et sa mère, Hue Huynh, dans l’entreprise familiale.

Tim a grandi à la ferme et, comme de nombreux enfants d’agriculteurs, il avait choisi de voler de ses propres ailes. Toutefois, après avoir obtenu un diplôme en droit et travaillé dans ce domaine pendant quelques années, il a décidé de revenir à la ferme de ses parents.

Lorsqu’on lui demande quel mot décrit le mieux son père, Tim répond : « respect ». On ne peut qu’admirer l’éthique du travail rigoureuse et les 40 ans de métier du fondateur de la ferme, mais ce qui le distingue réellement, c’est sa capacité de respecter les autres et de les apprécier à leur juste valeur.

« Mon père disait que je devais trouver un vrai travail, rigole Tim. L’entreprise ne cesse de s’agrandir, et mon père a une équipe fantastique. Comment refuser d’en faire partie? »

Viser l’amélioration continue

La réussite de M. Truong repose sur certains principes opérationnels judicieux qui peuvent s’appliquer à presque n’importe quelle exploitation agricole.

Investir et travailler d’arrache-pied : Plus vos investissements sont importants, plus ils seront profitables. L’investissement peut être d’ordre physique (en nombre d’heures travaillées) ou d’ordre mental (la conscience des aspects à améliorer).

Innover : Surveillez les tendances nouvelles et évolutives en matière de production – sur la scène locale et à l’échelle internationale. Mettez en œuvre celles qui entraînent des gains d’efficience.

Savoir s’adapter : Lorsque les changements ne donnent pas les résultats escomptés, évaluez ce qui fonctionne et ce qui va de travers, et apportez les correctifs nécessaires. Assurez-vous de connaître vos chiffres avant d’effectuer tout changement et mesurez tous vos progrès.

Réduire les pertes et le gaspillage : La réduction des pertes et du gaspillage peut demander une petite modification (l’ajout de roulettes manquantes sur un chariot) ou exiger des changements plus importants (supprimer un trajet de trois heures sur la route pour s’approvisionner en compost). Savoir où se situent les pertes est le point de départ.

Pouvoir compter sur son équipe : Vos employés sont votre meilleur atout. À mesure qu’ils en apprennent davantage au sujet de l’entreprise et de ses subtilités, ils auront peut-être d’excellentes suggestions d’améliorations. Posez des questions, soyez à l’écoute, apprenez et mettez les idées en œuvre – et reconnaissez le mérite des personnes qui ont contribué à améliorer les choses.

D’après un article de l’AgriSuccès par Bernard Tobin.

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