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Le ralentissement du rythme de croissance de la valeur des terres pourrait accentuer le risque financier

9 mai 2019

Les producteurs doivent garder à l’esprit que le ralentissement de la croissance de la valeur des terres agricoles pourrait accentuer leur risque et que la valeur des terres doit aller de pair avec des variables comme le revenu net, les taux d’intérêt, les prix des produits de base et la productivité, disent des experts.

Comme la croissance de la valeur des terres faiblit à l’échelle du pays, il est particulièrement important de surveiller de près d’autres variables de la ferme.

Selon le rapport annuel Valeur des terres agricoles de Financement agricole Canada, publié le 29 avril, la valeur des terres agricoles a augmenté en moyenne de 6,6 % à l’échelle nationale.

Il s’agit du taux de croissance le plus faible en huit ans.

De plus, on pense que le taux de croissance en 2019 pourrait diminuer de pas moins de la moitié, surtout en raison des divers accords commerciaux en cours de négociation et de leurs répercussions sur l’agriculture canadienne.

Qu’arrive-t-il si la valeur des terres agricoles surpasse leur capacité productive?

Comprendre les répercussions

« Fondamentalement, si la hausse de la valeur des terres agricoles reflète la rentabilité accrue de l’agriculture canadienne, alors il s’agit d’une tendance positive », explique Mary Robinson, présidente de la Fédération canadienne de l’agriculture. Toutefois, souligne-t-elle, si la valeur des terres agricoles commence à s’écarter de la capacité productive sous-jacente des terres, « certains producteurs risquent d’être confrontés à une situation difficile ».

Mme Robinson indique que la Fédération invite les agriculteurs à prendre des décisions d’achat fondées sur une bonne compréhension des répercussions sur leur coût de production et leur rentabilité.

L’incompatibilité entre la valeur des terres et leur capacité productive « peut occasionner de véritables difficultés pour les exploitations en croissance dans un contexte de hausse des taux d’intérêt », dit-elle.

Les terres de faible valeur attisent l’intérêt des acheteurs

La valeur des terres — de même que ses répercussions et ses causes sous-jacentes — varie d’une province à l’autre. Par exemple, en Saskatchewan, les hausses de la valeur des terres, de l’ordre de 7,4 %, ont été supérieures à la moyenne nationale. Il s’agit d’une croissance appréciable, mais inférieure à celle de l’année dernière, où la Saskatchewan avait enregistré la hausse la plus marquée au pays, soit 10,2 %.

Tim Hammond, propriétaire de la plus grande société immobilière agricole de la province, Hammond Realty, à Biggar, indique que le ralentissement enregistré en 2018 traduit une situation qui existe ailleurs au pays, c’est-à-dire l’intensification des achats de terres de valeur plus faible.

« En 2018, le marché était avide de terres de grande valeur, mais il y en avait peu à vendre, dit-il. Alors, les acheteurs ont commencé à chercher des terres moins onéreuses qu’ils étaient prêts à mettre en valeur. C’est un investissement stratégique. »

Par exemple, les prix les plus bas, soit 1 321 $ l’acre, ont été recensés dans le Centre-Est de la Saskatchewan. Toutefois, l’enthousiasme des acheteurs a donné lieu à des hausses de valeur de plus de 11 % qui ont porté les prix à 1 475 $ l’acre.

Les valeurs élevées — un frein pour les courtiers immobiliers

En Saskatchewan, cette stratégie des agriculteurs maintient le dynamisme du marché. M. Hammond précise qu’au premier trimestre, lui et ses neuf agents ont enregistré un volume de vente de 20 % supérieur à celui de toute l’année 2018.

« Quand les prix sont élevés, les ventes diminuent, résume M. Hammond. Jusqu’à récemment, beaucoup de ventes étaient conclues directement entre le propriétaire et un autre agriculteur. Maintenant, on nous demande plus souvent d’intervenir pour rapprocher les acheteurs et les vendeurs. »

Certains de ces acheteurs se trouvent dans d’autres provinces, comme en Alberta où les prix des terres agricoles sont supérieurs de 80 % à 120 % en moyenne à ceux de la Saskatchewan.

Situation différente en Ontario

En Ontario, les prix des terres agricoles comptent déjà parmi les plus élevés au Canada. En conséquence, ils ne peuvent plus augmenter autant que les prix des autres provinces, en particulier si les prix des produits de base ne suivent pas le rythme ou ne donnent pas le ton.

C’est pourquoi la hausse de seulement 3,6 % de la valeur des terres agricoles en Ontario — nettement inférieure à la moyenne nationale — n’est sans doute pas aussi catastrophique qu’il n’y paraît, dit Brady Deaton, économiste agricole de l’Université de Guelph.

M. Deaton indique que la valeur des terres varie considérablement en Ontario, selon l’endroit, la qualité des fermes en vente ainsi que leur nombre dans une région donnée.

Pression exercée par les prix dans le Golden Horseshoe

De nombreux propriétaires de terres agricoles de l’Ontario ne pratiquent pas l’agriculture, en particulier dans les régions près du Golden Horseshoe. Dans ces régions, la croissance de la valeur des terres est inextricablement liée à l’essor et à la richesse des régions urbaines.

En outre, bon nombre d’agriculteurs ontariens louent une portion considérable des terres qu’ils exploitent. M. Deaton a constaté que les fluctuations des taux de location semblent être assez stables comparativement aux fluctuations des prix à l’achat.

M. Deaton mène une enquête annuelle (en anglais seulement) sur la valeur des terres et la valeur locative. Près de la moitié des 1 550 personnes ayant répondu à une question concernant la valeur projetée des terres agricoles en 2019 ont dit s’attendre à ce que les prix demeurent stables.

En conclusion

D’une province à l’autre, les producteurs agricoles sont confrontés à des hausses très variables de la valeur des terres agricoles. Les experts leur recommandent de ne pas perdre de vue la diminution généralisée du rythme de croissance de la valeur des terres étant donné que le fléchissement des marchés pourrait accentuer leur risque financier. Le revenu net, les taux d’intérêt, les prix des produits de base et le coût de production sont certains des chiffres à surveiller de près.

Article par : Owen Roberts