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Le bien-être mental, c’est l’affaire de tous

6,5 min de lecture

Prendre soin de sa santé mentale est un aspect crucial de l’autogestion de la santé; c’est aussi une mesure importante pour aider les autres à régler leurs problèmes personnels et pour soutenir l’exploitation agricole.

Les répercussions de la santé mentale sur la ferme

Un sentiment d’accablement peut avoir des répercussions réelles sur les résultats d’une exploitation agricole, dit Deborah Vanberkel, productrice laitière, psychothérapeute agréée et propriétaire du cabinet Cultivate Counselling Services de Kingston, en Ontario.

« Les gens peuvent fonctionner d’une façon qui est normale et saine pour eux tout en ayant des problèmes légers ou modérés, mais lorsque les problèmes passent de modérés à graves, on entre dans la zone rouge », explique-t-elle.

Les symptômes d’une personne qui se trouve dans la zone rouge varient considérablement. Les signes courants de tension psychologique comprennent un niveau élevé d’anxiété, la panique, l’accélération de la pensée et les troubles du sommeil, la perte d’appétit, l’irritabilité et les sautes d’humeur persistantes. D’autres changements de comportement sont possibles, comme un état général d’agitation, le retrait de tout engagement social, l’abandon d’habitudes pourtant positives (comme cesser de faire régulièrement de l’exercice) et l’évitement de certaines tâches.

Selon Mme Vanberkel, ce dernier point peut poser un défi particulier étant donné la diversité des tâches qui assurent le bon fonctionnement d’une exploitation agricole. De nombreux symptômes accentuent l’incapacité de résoudre les problèmes.

« Si un camion doit effectuer une livraison à une heure inhabituelle et que la situation vous semble insurmontable, votre réaction pourrait être un signal d’alarme. Tout comme quand la moindre tâche la moindre décision à prendre devient un véritable casse-tête. Après coup, la personne se sent mal parce qu’elle ne comprend pas pourquoi un détail aussi banal lui semblait si décourageant. »

Reconnaître les problèmes – et chercher des solutions

De façon générale, les agriculteurs ont mille et une choses en tête, de sorte qu’il peut être difficile – mais pas impossible – de juger de leur état d’esprit. C’est lorsque les décisions deviennent difficiles à prendre, dit Mme Vanberkel, que le problème est plus facile à déceler.

Compte tenu de l’éventail des personnalités, des préférences et des circonstances, il faut d’abord comprendre ce qui constitue un état mental sain pour la personne en question.

« Tâchez de déterminer ce qui fonctionne le mieux. Vous n’avez pas nécessairement besoin de consulter un thérapeute si vous décelez un problème. Vous pouvez prendre en main la gestion de votre propre santé ou recourir à différents types de soutien », fait valoir Mme Vanberkel. Discuter avec des amis, assister à des événements communautaires ou consacrer ne serait-ce qu’un peu de temps à des loisirs sont des moyens à votre portée.

« Vous pouvez peut-être aller faire un tour de VTT ou inviter votre famille à la maison. Vous avez le droit de dire que vous avez envie de faire des choses. »

Il existe aussi d’importantes stratégies de gestion du mieux-être. D’après la publication Cultiver la résilience de FAC, ces stratégies comprennent l’exercice régulier (en particulier pour les personnes qui passent de longues heures confinées dans un bureau ou dans la cabine d’un tracteur), et l’évaluation périodique de votre état d’esprit. Il est aussi utile de tracer une frontière entre le travail et les loisirs (comme la décision de ne pas répondre à vos courriels lorsque vous êtes en vacances) et de s’astreindre à se déconnecter quelque temps à la fin de la journée.

Il faut parfois du temps pour trouver la solution qui fonctionne, d’où la nécessité de s’exercer.

« Comment en êtes-vous arrivé à exceller dans votre travail? Dans votre sport? En vous exerçant. Lorsqu’on veut changer un comportement et un mode de pensée, il faut aussi s’exercer. »

La conscience de soi vous aide à soutenir les autres

Selon Kim Hyndman-Moffat, conseillère en matière de crise et animatrice pour le programme de littératie en santé mentale En toute connaissance, un changement au chapitre du rendement est l’un des principaux moyens de reconnaître qu’une personne peut souffrir de stress psychologique.

Les lignes d’aide et d’autres ressources… peuvent être des outils précieux pour ceux et celles qui veulent entamer la conversation.

« Par exemple, si une personne qui donne habituellement son 110 % accumule du retard dans ses dossiers, il y a là un indice. » Un isolement grandissant, une intensification des problèmes physiques comme les maux de tête, et des comportements d’évitement comme l’abus d’alcool ou de drogues et le fait de passer trop de temps devant un écran sont d’autres indices.

De la même façon qu’elle nous aide à diagnostiquer nos propres problèmes, la conscience de soi nous aide à déceler si une personne éprouve des difficultés et à lui apporter du soutien. Un moyen simple et efficace d’aborder le sujet, dit Mme Hyndman-Moffat, est de demander à la personne comment elle se sent vraiment. « Il est important d’être à l’écoute et de ne pas se sentir obligé de formuler une opinion. Commencez par prêter une oreille attentive et offrez votre soutien ».

Mme Vanberkel partage cet avis. « Vous avez le droit de dire que vous ne savez pas comment réagir sur le coup. L’important est d’éviter de porter des jugements et d’être à l’écoute. »

Les méthodes de soutien sont nombreuses. Si vous vous sentez à l’aise, entamez une conversation approfondie; mais si vous n’êtes pas à l’aise, vous pouvez tout de même aider la personne en offrant de la diriger vers des ressources.

Peu importe le type de soutien, les lignes d’aide et d’autres ressources comme l’organisme Au cœur des familles agricoles (au Québec) ou la Do More Agriculture Foundation (partout au Canada) peuvent être des outils précieux pour ceux et celles qui veulent entamer la conversation.

« Si vous êtes la personne qui n’est pas certaine de la façon d’aborder quelqu’un, vous pouvez téléphoner [à une ligne d’aide] pour demander conseil », ajoute Mme Hyndman-Moffat.

Rester réaliste

Si elles savent que les activités de la ferme ne s’interrompent pas lorsqu’une personne éprouve des problèmes de santé mentale, Mmes Vanberkel et Hyndman-Moffat croient que prioriser la santé mentale peut avoir un effet déterminant sur la capacité à surmonter un état de crise. Selon Mme Vanberkel, toutes les personnes concernées doivent comprendre ce qu’est la santé mentale; elles doivent aussi comprendre que les définitions et les stratégies de soutien diffèrent, et que parler ouvertement et souvent peut être avantageux pour tous.

« Faites de la santé mentale une priorité avant que survienne une crise, conseille Mme Hyndman-Moffat. Et si une crise survient malgré tout, tâchez de rester réaliste. Déterminez ce dont la personne a besoin et ce que vous pouvez faire pour elle. »

D’après un article de l’AgriSuccès par Matt McIntosh.


Les répercussions de la santé mentale sur les fermes canadiennes

L’étude sur le lien entre la santé mentale et la gestion d’entreprise agricole menée en 2019 par FAC et Gestion agricole du Canada a été l’occasion d’interroger des agriculteurs partout au pays au sujet de leurs difficultés et de leurs réussites en matière de santé mentale, et de la façon dont celles-ci influencent leurs entreprises.

Voici quelques faits saillants à propos de la gestion quotidienne d’entreprise :

  • Les producteurs qui sont optimistes sont plus susceptibles d’adopter fréquemment des pratiques de gestion d’entreprise clés, dont la rédaction d’un plan d’affaires écrit

  • 88 % des producteurs qui suivent un plan d’affaires écrit affirment que cela contribue à assurer leur tranquillité d’esprit

  • 20 % des répondants prennent plus de temps pour prendre des décisions d’affaires éclairées au bon moment lorsqu’ils sont stressés

  • Les producteurs qui sont très optimistes sont plus susceptibles d’indiquer qu’ils ont un comportement positif lorsqu’ils sont confrontés à des circonstances stressantes comme l’imprévisibilité de l’industrie agricole – qui est le premier facteur de stress à l’échelle nationale

Pour lire le rapport intégral, consultez le www.fmc-gac.com/fr/espritssainsfermessaines/.

À suivre
Être une femme en agriculture et prendre sa place
34,5 min d'écoute

Dans ce nouvel épisode de La terre et la table, Aimée Ferré Stang, de PVF Enterprises en Saskatchewan, nous raconte comment elle trouve un équilibre entre ses divers rôles, dont le fait de travailler à FAC, d’être mère de deux enfants et copropriétaire de l’entreprise agricole familiale. Elle parle de l’importance de se défaire de ses attentes et de s’appuyer sur ses points forts.