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Le point sur les innovations technologiques. Où en est-on?

5,5 min de lecture

Il y a quelques années, les drones, la robotique et l’intelligence artificielle (IA) ont reçu énormément d’attention en tant que technologies susceptibles de changer la donne. Un bilan rapide nous permet de constater un progrès lent, mais constant, et, dans certains cas, ce bilan nous rappelle à la réalité.

Je me souviens d’avoir lu, il y a quelques années, un article qui prédisait l’existence d’un système de culture composé de capteurs connectés, répartis dans le sol et dans le couvert végétal, conçus pour surveiller l’état des champs en temps réel. Lorsqu’un capteur détecterait des conditions propices à la prolifération d’une maladie ou d’un parasite, il déclencherait l’envol d’un drone pulvérisateur autonome muni des produits adéquats pour procéder à une pulvérisation localisée aux endroits les plus touchés par la maladie ou le parasite. Plus besoin d’aucun effort ou d’aucune intervention par un humain. Phénoménal!

Maintenant que nous avons quelques années d’expérience, il est temps de regarder l’évolution de ces technologies et l’incidence qu’elles ont eue.

Drones et diagnostics

Il y a quelques années, les drones ont connu une grande popularité et, à mesure que leurs prix ont diminué, ils ont suscité l’intérêt des agriculteurs et des experts-conseils en productions végétales. L’avantage était que les drones pouvaient survoler chaque centimètre carré de chaque champ et, à l’aide de différents types de caméras et de capteurs, générer d’énormes fichiers de données qui seraient ensuite traités par un algorithme agronomique avancé pour en tirer des instructions et des solutions de gestion.

Aaron Breimer est vice-président de l’interprétation des données pour la société Deveron Corp., à Chatham, en Ontario. « L’utilisation de drones aériens pour faire des diagnostics poussés est toujours prometteuse. D’ailleurs, beaucoup d’efforts sont déployés en ce moment pour développer les algorithmes, et nous avons réussi à prévoir l’apparition de moisissures blanches sur les fèves de soya et les haricots blancs et à les traiter. Nous constatons également que les drones offrent une valeur solide pour surveiller et évaluer des parcelles de recherche; ils permettent de voler près du sol, de filmer à l’aide de caméras haute résolution et d’effectuer une analyse détaillée », explique M. Breimer.

Le dépistage est l’une des utilisations les plus courantes des drones. « Les prix ont suffisamment baissé pour qu’un agriculteur ou un dépisteur puisse se procurer un drone de bonne qualité au coût de 3 000 $ ou moins. L’appareil permet d’examiner en seulement vingt minutes un champ qui, en temps normal, aurait pris plusieurs heures à parcourir à pied. Les caméras photographient les parties du champ qui semblent inhabituelles. Les dépisteurs peuvent ensuite inspecter ces endroits au sol, ce qui permet d’économiser du temps en évitant d’avoir à inspecter chaque acre à pied. »

En revanche, beaucoup de drones relativement peu coûteux ne se sont pas révélés utiles au quotidien ou n’ont pas ajouté la valeur attendue. Jim Hale, producteur de légumineuses, d’oléagineux et de céréales établi à Lancer, en Saskatchewan, surveille de près le développement des technologies agricoles. Il s’est acheté un drone il y a quelques hivers. « Le drone s’est écrasé, et je ne l’ai retrouvé qu’au printemps suivant. Il s’empoussière maintenant sur une étagère. Il fonctionnait correctement, mais je n’avais pas vraiment envie de vérifier quel type de caméra ou quel logiciel utiliser, et la réglementation de Transport Canada semblait relativement compliquée. » D’ailleurs, la mise en marché de services satellite gratuits ou à faible coût qui génèrent des images de l’état de la santé des plantes a permis à plusieurs producteurs de se passer de drones.

La robotique s’implante

La technologie robotique progresse rapidement et de nombreuses entreprises présentent des prototypes très prometteurs. Il y a, par exemple, un robot qui transporte et empile des balles à un endroit désigné, ou encore un robot échantillonneur de sol capable de s’orienter grâce à des coordonnées GPS. « Nous sommes dans la phase de découverte où les fabricants et les agriculteurs tentent de trouver ce qui leur convient. La robotique s’implantera pour régler certains problèmes récurrents, explique M. Breimer. D’ailleurs, cela pourrait s’étendre à un grand nombre de tâches. Par exemple, si une ferme a de la difficulté à trouver du personnel pour accomplir ces tâches, il sera beaucoup plus intéressant d’avoir recours à la robotique, particulièrement pour les tâches répétitives et désagréables. »

D’un point de vue agronomique, M. Breimer voit beaucoup de potentiel dans l’utilisation de petits robots aux champs, qui pourraient un jour remplacer les tracteurs lourds et de grande puissance. « Ça prendra du temps, mais je considère le compactage du sol comme l’un de nos plus grands défis, et le concept de l’agriculture en essaim pourrait très bien régler les pertes de rendement causées par le compactage du sol. »

Selon M. Hale, la machine autonome OMNiPOWER de Raven Industries semble très intéressante, car elle redéfinit complètement ce à quoi doit ressembler un tracteur. « J’aime les idées perturbatrices, mais il y a beaucoup d’obstacles à surmonter avant de pouvoir convenablement utiliser de l’équipement autonome comme OMNiPOWER pour les exploitations de tailles et de types variés. Pour ma part, je cherche plutôt à trouver des façons d’améliorer mon équipement actuel. Un module qui permettrait d’autonomiser mon chariot à grain serait une option beaucoup plus réaliste que d’envisager l’agriculture en essaim. »

L’IA est-elle fiable?

Une des technologies qui intéressent Jim Hale repose sur l’IA. « La technologie de pulvérisation qui s’active uniquement lorsque le pulvérisateur détecte la présence de mauvaises herbes existe depuis quelque temps, et elle peut maintenant distinguer les mauvaises herbes des cultures agricoles », souligne M. Hale. Cette avancée résulte de l’utilisation de grandes quantités de données pour créer un algorithme qui détermine précisément quand le pulvérisateur doit s’activer et quand il doit s’arrêter, ce qui correspond à l’une des définitions classiques de l’IA.

Les moyens d’appliquer l’intelligence artificielle en agriculture ne cesseront de s’améliorer grâce au nombre croissant de données traitées et d’itérations.

M. Hale s’intéresse aussi à l’ensemencement à taux variable et à la gestion de la fertilité, mais c’est un projet qui est toujours en cours de développement. « Il est difficile de se fier aux algorithmes basés sur l’agronomie. Selon moi, ils sont fiables dans des conditions de croissance normales, mais ne s’adaptent pas très bien aux extrêmes, et 2021 a été une année extrême pour nous. » En dépit de son scepticisme, M. Hale reconnaît que les moyens d’appliquer l’IA en agriculture ne cesseront de s’améliorer grâce au nombre croissant de données traitées et d’itérations. C’est ainsi que l’on progresse.

Lorsque nous leur avons demandé de prédire quelles technologies connaîtront un essor dans les prochaines années, M. Breimer et M. Hale ont tous deux répondu que toutes les innovations dont nous avions discuté seront utilisées encore plus efficacement pour la surveillance et la gestion de la fertilité des cultures ainsi que l’application de produits.

D’après un article de l’AgriSuccès par Peter Gredig.

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