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Taux fixe ou taux variable : quelle option convient le mieux?

29 août 2023
6,5 min de lecture

Devrais-je contracter un prêt à taux variable ou bloquer un taux fixe? Les prêteurs se font poser cette question chaque jour, et il n’y a pas de réponse universelle.

Chaque exploitation est unique : le coût du capital, les dépenses en immobilisations nécessaires aujourd’hui et dans l’avenir, les flux de trésorerie et la structure de la dette ne sont jamais identiques. Chaque propriétaire d’entreprise a aussi sa propre propension au risque.

Dans le présent billet, nous expliquons les différences entre les prêts à taux fixe et les prêts à taux variable et analysons la manière dont cela se répercute sur les emprunts dans l’environnement économique incertain d’aujourd’hui.

Comment détermine-t-on ces deux types de taux?

Avant de plonger dans notre analyse, clarifions les principaux facteurs qui déterminent les deux différents types de produits de prêt.

Tableau 1 : Comprendre les facteurs économiques qui influent sur les prêts à taux variable et les prêts à taux fixe

Tableau 1 montrant comment comprendre les facteurs économiques qui influent sur les prêts à taux variable et les prêts à taux fixe

Prêts hypothétiques

Aux fins de la présente analyse, nous prenons comme point de départ deux prêts hypothétiques – un à taux fixe et un à taux variable. Pour faire l’analyse, nous avons dû formuler des hypothèses communes aux deux prêts :

  • Le montant de l’hypothèque est de 500 000 $

  • La durée des prêts est de cinq ans (durée la plus fréquente des prêts de FAC, quel que soit le type de taux)

  • L’amortissement est de 25 ans

  • Les remboursements sont effectués mensuellement

  • Les deux prêts sont fermés

  • Nous ne formulons aucune hypothèse quant à la solvabilité de chaque emprunteur

  • Pour le prêt à taux variable, le taux d’emprunt est le taux préférentiel majoré de 1,0 %

  • Pour le prêt à taux fixe, le taux d’emprunt correspond au rendement des obligations de cinq ans du GdC majoré de 2,5 %

Nos hypothèses étant établies, nous pouvons examiner les flux de trésorerie selon différents scénarios à différents moments.

Évaluation d’un point de vue historique

La dernière fois que le taux préférentiel a beaucoup fluctué, dans les deux directions (d’abord à la hausse, puis à la baisse, et de nouveau à la hausse) remonte à la période comprise entre 2002 et 2007. Si l’on suppose que nous avons contracté un prêt à taux variable de cinq ans en février 2002, cette fluctuation du taux préférentiel influerait sur nos mensualités à raison d’environ 600 $ par mois (Figure 1).

Figure 1 : Le taux d’intérêt préférentiel a fluctué entre 2002 et 2007, ce qui a eu un impact sur les mensualités de notre prêt à taux variable

Figure 1 montrant le taux d’intérêt préférentiel a fluctué entre 2002 et 2007, ce qui a eu un impact sur les mensualités de notre prêt à taux variable

Sources : Statistique Canada, calculs de FAC

Comparons cela avec un prêt à taux fixe de cinq ans. En février 2002, le taux de ce prêt aurait été de 7,15 %, avec des mensualités de 3 581 $, ce qui est supérieur aux mensualités pendant toutes les périodes du prêt à taux variable décrit précédemment, même pendant la période où le taux préférentiel a augmenté à 6,0 % à la fin de la durée du prêt. Au cours des cinq années, l’écart entre les mensualités s’accumule, et à la fin de la durée du prêt, le fait d’opter pour un taux variable permet d’économiser 28 000 $ en mensualités (Figure 2).

Figure 2 : Le choix d’un prêt à taux variable en 2002 aurait permis de réaliser des économies importantes

Les sommes qui apparaissent au-dessus des bandes indiquent la différence (hausse) entre les paiements annuels d’un prêt à taux fixe par rapport à un taux variable.

Figure 2 montrant le choix d’un prêt à taux variable en 2002 aurait permis de réaliser des économies importantes

Sources : Statistique Canada, calculs de FAC

Évaluation prospective

Bien entendu, l’analyse ci-dessus a été réalisée avec du recul. Nous ne savons pas avec certitude dans quel sens évolueront les taux d’intérêt au cours des cinq prochaines années, mais nous pouvons utiliser des outils de modélisation économique pour établir une certaine orientation quantitative.

Moody’s Analytics nous offre des prévisions concernant l’évolution du taux préférentiel au cours des cinq prochaines années, selon différents scénarios. Chaque scénario a une probabilité différente de se produire.

  1. Scénario de base. Il s’agit du scénario le plus probable, d’après Moody’s. Dans ce scénario, la BdC a quasiment atteint le sommet de son cycle actuel de resserrement et commence lentement à abaisser son taux du financement à un jour vers le milieu de 2024.

  2. Scénario optimiste. Dans ce scénario, la croissance du PIB est un peu plus vigoureuse que prévu et la BdC doit relever le taux du financement à un jour deux autres fois avant de l’abaisser lentement à partir du milieu de 2024.

  3. Scénario pessimiste. Dans ce scénario, la croissance du PIB ralentit, et une récession frappe en 2024. La BdC, consciente du ralentissement de la croissance, commence à abaisser les taux vers la fin de 2023. Les baisses de taux effectuées tout au long de l’année 2024 sont plus marquées que celles auxquelles on pourrait s’attendre dans le scénario de base et dans le scénario optimiste.

Avec un prêt à taux variable, les mensualités dans les différents scénarios fluctuent en fonction de l’évolution du taux préférentiel (Figure 3).

Figure 3 : Taux préférentiel prévu selon divers scénarios économiques

Figure 3 montrant taux préférentiel prévu selon divers scénarios économiques

Sources : Moody’s Analytics, calculs de FAC

Dans cette analyse, nous avons utilisé le taux fixe de cinq ans de 6,5 %, ce qui se traduit par des mensualités de 3 376 $. Pour l’ensemble de la période de cinq ans, il est préférable d’opter pour un taux fixe plutôt que pour un taux variable dans le scénario de base (3 200 $ d’économies) et dans le scénario optimiste (5 100 $ d’économies). Toutefois, le fait d’opter pour un prêt à taux fixe dans le scénario pessimiste se traduit par des paiements supplémentaires de 7 900 $. Ce n’est que dans le cas d’un scénario pessimiste — où la BdC réduit ses taux plus rapidement et de façon plus marquée — qu’il est financièrement judicieux de choisir un taux variable pour notre prêt hypothétique (Figure 4).

Figure 4 : Le choix d’un prêt à taux variable se traduit par des économies uniquement dans le cas du scénario pessimiste

Figure 4 montrant le choix d’un prêt à taux variable se traduit par des économies uniquement dans le cas du scénario pessimiste

Sources : Moody’s Analytics, calculs de FAC

Pourquoi la situation en 2023 diffère-t-elle tant de la situation de 2002? Comme nous l’avons souligné précédemment, la courbe de rendement est extrêmement inversée, ce qui signifie que les taux à court terme sont nettement plus élevés que les rendements des obligations à long terme. En fait, le taux préférentiel a rarement été aussi élevé par rapport au rendement des obligations de cinq ans du GdC au cours des 25 dernières années (Figure 5).

Figure 5 : L’écart entre le taux préférentiel et le taux des obligations de cinq ans du GdC est important à l’heure actuelle

Figure 5 montrant l’écart entre le taux préférentiel et le taux des obligations de cinq ans du GdC est important à l’heure actuelle

Source : Statistique Canada

En conclusion

L’analyse qui précède ne constitue pas un avis; elle a pour but d’illustrer et de mettre en évidence l’environnement unique des taux d’intérêt dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.

Il est extrêmement important de communiquer avec votre prêteur étant donné le très grand nombre de facteurs différents à prendre en compte lorsqu’il s’agit de choisir entre un taux fixe et un taux variable. Ces facteurs comprennent, entre autres, le moment des dépenses en immobilisations (prêts en cours de remboursement, moments où de nouvelles dépenses seront nécessaires), les caractéristiques du produit (y compris les limites et les frais de remboursement anticipé), les flux de trésorerie et la structure de la dette existante (dont le risque lié à la dette flottante existante), et la propension individuelle au risque. L’analyse de scénarios, comme nous l’avons fait ci-dessus, peut aider les exploitants à comprendre leur risque dans différents environnements économiques.

Autres lectures et ressources sur les facteurs qui influencent les taux d’intérêt :

x.com/Graeme_Crosbie
Graeme Crosbie

Économiste principal

Graeme Crosbie est économiste principal à FAC. Ses domaines d’intérêt portent notamment sur l’analyse et les perspectives macroéconomiques et sur l’analyse et la surveillance de l’industrie agroalimentaire canadienne. Ayant grandi sur une ferme laitière dans le sud de la Saskatchewan, il formule à l’occasion des observations sur la santé de l’industrie laitière du Canada.

Graeme est employé à FAC depuis 2013 et a consacré la plus grande partie de ces années à la gestion du risque. Il détient une maîtrise en gestion avec spécialisation en économie financière de l’Université de Cardiff ainsi que le titre d’analyste financier agréé (CFA).